Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1962

3 Janvier 1962 Mare de Fontaine

Une photo en première page de la région dijonnaise ensevelie sous la neige, illustrée par le spectacle de la mare de Fontaine, rappelle que l’hiver 1961-1962 fut froid et neigeux, mais l’événement qui a marqué 1962 à Fontaine est le début de la construction de la chapelle Saint-Martin. Il coïncide avec le départ du chanoine Romain qui, après 27 ans de ministère, doit céder sa place en raison des atteintes de l’âge. Ce prêtre est remplacé par l’ancien vicaire de la paroisse Saint-Michel, le père André Philbée qui est installé le 17 septembre. La question d’un nouveau lieu de culte entre Saint-Jean-Bosco, Saint-Joseph à Dijon et l’église Saint-Bernard à Fontaine agitait la paroisse depuis 1956.  En effet, cette paroisse avait la particularité d’être scindée en deux parties géographiques : l’ancien village et les nouveaux quartiers situés en périphérie. Les habitants nouvellement installés ne se connaissaient pas et les paroissiens du village pratiquaient l’entre-soi. Une communauté était à créer et la construction d’une chapelle pouvait être un moyen d’établir des liens inexistants jusque-là. Sous l’impulsion de l’abbé Pinston de Saint-Joseph de Dijon, il fut décidé que des bénévoles, les Compagnons Bâtisseurs de Fontaine, prendraient en charge l’édification d’un lieu de culte après avoir, non sans difficulté, trouvé et acquis en 1961 un emplacement à proximité du groupe scolaire des Saverney. Sous la direction de M. Fanet, président de l’association paroissiale de Fontaine, les bonnes volontés sont à l’œuvre et les pelles mécaniques entrent en action dès la délivrance du permis de construire le 8 avril. 25 hommes sont inscrits pour le bétonnage du fond des fondations et le soir du Vendredi saint, Mgr procédait à la bénédiction en plein air de la première pierre. Dès lors, la maçonnerie pouvait commencer à s’élever, mais il faudra attendre trois ans pour inaugurer l’édifice.

Au conseil municipal, le maire renouvelle ses protestations contre les lenteurs apportées à l’élaboration du plan d’urbanisme, qui se concrétisent par un retard dans le développement de la commune. Il y a notamment urgence à détourner le chemin des Grands Champs en raison des difficultés de passage dans le vieux village, où la circulation et le stationnement des véhicules continuent à donner lieu à des protestations, quels que soient les arrêtés pris. Malgré les critiques contre « l’administration », dans la transformation de Fontaine, l’intérêt général se heurte aux intérêts particuliers et la médiation de l’État est nécessaire. Par exemple, dans les lotissements, personne ne veut de l’installation d’un transformateur électrique sur son lot et il faut passer par l’expropriation d’une zone qui sera désignée par EDF. Pour l’enlèvement des ordures ménagères, le conseil doit se résoudre à remplacer le tombereau hippomobile et son préposé par les services infiniment plus onéreux de la Société franco-suisse de nettoiement. C’est une nouvelle étape vers la disparition de l’aspect rural de la commune qui malgré tout subsiste, puisqu’un communiqué met en garde les propriétaires de poulaillers contre les voleurs de poules et de coqs qui sévissent rue du Faubourg Saint-Martin… L’urbanisation en marche donne lieu à une des décisions phare de l’année municipale : l’adoption de l’avant-projet d’assainissement de la commune avec rejet des eaux usées dans le réseau d’égout de Dijon. L’équipement fait l’objet de division en tranches annuelles qui vont s’étendre sur plus d’une décennie pour des raisons techniques et financières.

Les Fontainois participent plus faiblement que la moyenne française aux élections législatives de novembre 1962, organisées par suite de la dissolution de l’Assemblée nationale après le vote de la motion de censure désapprouvant la réforme du mode de scrutin pour l’élection au suffrage universel du Président de la République.  En votant pour l’UNR Henri Berger, Fontaine contribue à donner une confortable majorité parlementaire au président de la République Charles de Gaulle. À Fontaine, l’Indépendant François Japiot est battu, mais d’une courte tête. Cette élimination marque une perte d’influence durable des Indépendants dans le paysage politique, qu’il soit national ou fontainois.

Sigrid Pavèse

CONFÉRENCE

Molière à la table de Louis XIV, 1857, par Jean-Dominique Ingres. Bibliothèque-musée de la Comédie française.

Molière et la gastronomie
Par Gérard Taverdet

Samedi 14 octobre à 15 h

Bibliothèque municipale de Fontaine-lès-Dijon

Avec Scapin, dom Juan, Harpagon, Sganarelle, Amphitryon et Monsieur Jourdain : un régal pour l’œil, l’ouïe et la bouche.

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Visites estivales

Journées européennes du patrimoine 2023

L’arrachage des ceps

À partir de 1920, les séminaristes de la rue Paul-Cabet à Dijon bénéficient d’une maison de campagne située aux Champs d’Aloux dans le clos Saint-Bernard[1] et l’aménagent pour leur détente[2]. À leur arrivée dans cette maison, une vigne était plus ou moins bien entretenue. « La pioche entrait difficilement dans le lit de cailloux qui recouvrait la surface et puis il y avait si longtemps que cette terre n’avait pas été remuée ! Les mauvaises herbes s’y étaient développées à leur aise, » écrit le 27 avril 1921 le séminariste Bergeret. Des ceps étaient à remplacer. Certains séminaristes étaient fils de vigneron et connaissaient le travail de la vigne. Dans une commune encore viticole comme Fontaine, le matériel pouvait se trouver facilement, notamment par l’entremise du curé de Fontaine, ami des séminaristes. Sur la photo, on voit les clercs utiliser un arrache-cep.  Cet outil constitué par un long manche en bois et un mécanisme en métal est appelé aussi fourche crantée. Il sert à sortir un pied de la terre, que ce soit un cep ou une racine quelconque. Le principe est de faire bras de levier sur une racine fourchue et de l’extraire du sol. Il fallait piocher pour assurer la prise sur la souche. L’extraction s’effectuait manuellement. Aujourd’hui des pinces arrache-ceps hydrauliques permettent de déraciner un cep mécaniquement et de forer le trou en moins de 30 secondes !

Sigrid Pavèse avec la complicité de Bruno Lautrey.

[1] Clos connus sous le nom de « terrains Saint-François ».
[2]Archives du diocèse de Dijon, (ADD), 2 H 8, Historique de la maison de campagne du grand séminaire à Fontaine-lès-Dijon, cahier manuscrit avec photographies, 1920-1921.

 

Le boulevard des Allobroges vers 1972

Le boulevard des Allobroges a été ouvert en 1966. Cette photo représentant un tronçon du boulevard périphérique de Dijon est conservée aux archives municipales de Dijon. Elle a été prise après sa mise à quatre voies en 1971. La section, qui ne correspond à aucune voie ancienne, traverse un paysage de jardins arborés, encore en pleine production, du lieu-dit très étendu des Saverney et de celui, plus petit, des Pierrodins, situé au sud-ouest. Au premier plan, on repère dans l’angle gauche, les bâtiments de la menuiserie Mondia, démolis depuis pour faire place à des logements collectifs. Au centre, la rue Joseph-Bellesoeur sépare Fontaine, à l’ouest, et Dijon, à l’est. Sur la partie Fontaine, en bas, les maisons construites au début du XXe siècle sont celles de la rue Merceret. À droite, on reconnaît la bifurcation de la rue Octave-Terrillon avec son îlot triangulaire. Au second plan, à gauche, de l’autre côté du boulevard, le groupe scolaire des Saverney conçu par l’architecte Delavault, ouvert en 1954 avec seulement trois classes, se repère par son préau central. Les bâtiments de l’école maternelle sont édifiés, ce qui permet de dater la photo de 1972.Ce groupe scolaire est bordé, à droite, par la rue du Faubourg Saint-Nicolas qui remplace le chemin rural Saint-Nicolas élargi et viabilisé pour donner accès à l’école. La rue de la Bresse, que l’on devine à l’est de l’école en direction de la rue du Faubourg Saint-Martin, a été créée au même effet à partir d’un ancien chemin de terre large de 1,5 m. Derrière l’école, au nord, de l’autre côté de la rue des Saverney, la chapelle Saint-Martin a été inaugurée en 1965. De part et d’autre de la rue du Faubourg Saint-Nicolas, les terrains du futur quartier de la Bresse, à l’est, et des Saverney, à l’ouest, ne sont pas encore urbanisés, mais les voies pour les desservir sont déjà tracées. À gauche, la rue de Lorraine, avec l’amorce du carrefour des rues Juhanne-Broquars et d’Alsace, débouche sur le boulevard perpendiculairement. À droite, la rue de Provence et la rue de Savoie, aboutissant à la rue de la Bresse, sont parallèles au boulevard. On doit à la présence de ces vergers, qui ont pris la place de la vigne après la crise du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, le recul de toutes les constructions sur Fontaine par rapport au boulevard. En effet, le maire de Fontaine de 1945 à 1964, Léonce Lamberton, avait demandé, lors de l’établissement du boulevard, de réserver tout le long un chemin côté Fontaine, pour que les attelages puissent desservir les parcelles… Il était loin d’imaginer l’ampleur de l’urbanisation dans cette zone et l’intérêt pour les municipalités fontainoises de ce recul dont ne bénéficie pas l’autre côté du boulevard…

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1961

À Fontaine, l’actualité de 1961 est toujours dominée par l’Algérie : l’année s’ouvre sur les résultats du référendum où les électeurs de métropole et d’Algérie ont été invités à se prononcer sur le principe de l’autodétermination et sur un projet provisoire d’organisation des pouvoirs publics en Algérie. Les Fontainois acceptent à plus de 78% que les populations algériennes décident de leur sort. Par ce vote massif et comme le reste des métropolitains, les Fontainois expriment leur volonté d’en finir avec cette guerre. En Algérie, malgré une participation plus faible, les habitants ont voté dans le même sens, à l’exception de la population européenne qui s’inquiète d’une Algérie séparée de la France. En principe, la rubrique locale tient le lecteur à l’écart des événements nationaux et internationaux.  Pourtant le conseil municipal qui s’est déroulé le 22 avril débute par « un appui sans réserve du conseil municipal à Monsieur le Président de la République et au gouvernement pour la défense de l’autorité de l’État et de la légalité républicaine, et une condamnation de l’action misérable entreprise par les chefs de la faction et leurs complices militaires ou civils », ajoutant que ces sentiments sont également ceux de la population. En effet, contre la politique de décolonisation du général de Gaulle et pour garder l’Algérie française, quatre généraux ont organisé un coup d’état militaire le 22 avril 1961 et se sont emparés d’Alger. Quand le compte-rendu de la séance est rapporté le 27 avril, le putsch est terminé car le contingent est resté fidèle à de Gaulle, chef des armées, mais la prise de position du conseil a quand même été relayée. Par ailleurs, les appelés continuent à servir en Algérie et, pour des raisons à la fois symboliques et de proximité, l’envoi de colis par la municipalité à l’occasion de la fête nationale ne manque pas d’être mentionné.

La rubrique relative à Fontaine-lès-Dijon est avant tout un outil de communication pour le maire qui y fait paraître ses arrêtés marqués par l’époque, tandis que les associations annoncent la date de leurs manifestations : bal et voyage des pompiers, présence de l’alambic… C’est ainsi que l’édile rappelle tantôt que les chiens ne doivent pas divaguer, tantôt qu’il est formellement interdit de déposer des ordures, des matériaux ou de la terre sans autorisation écrite dans les carrières qui ne sont plus exploitées et qui parsèment la commune. Il indique qu’une autre opération de dératisation est programmée. En cette année 1961, une nouvelle ligne d’autobus desservant la rue du Faubourg Saint-Martin est mise en service. Son terminus est la mare, ce qui entraine la convergence de deux bus dans le village… Une longue liste de mesures est alors détaillée, rue par rue et tronçon par tronçon, pour interdire ou limiter le stationnement. Quant aux comptes-rendus de conseils municipaux, ils sont aléatoires et annoncent que l’étude des futurs équipements se poursuit : réseau d’eau, terrain de sports. Le principe de l’établissement d’un bureau de poste est entériné place des Carrois : il faudra attendre cependant douze ans pour qu’il sorte de terre… tandis que la deuxième phase de construction du groupe scolaire des Carrois est inscrite au tableau départemental des constructions scolaires à réaliser en priorité. La municipalité demande à l’autorité de tutelle de vendre par lots les friches du Rompot pour installer des chantiers ou des entrepôts. On sait que l’autorité préfectorale refusera en raison du projet de rocade sud… Aucune allusion n’est faite sur le plan d’urbanisme communal, qui pourtant est adopté la même année. Il ne faut pas chercher un journalisme d’investigation dans les lignes consacrées à Fontaine par Le Bien public. Les mises en perspective fouillées d’un sujet, avec rappel du contexte, en présence de plusieurs points de vue n’existent pas et on ne donne pas la parole aux habitants. Les articles sont surtout des informations pratiques.

Sigrid Pavèse