Le ban de vendange de 1749 à Fontaine-lès-Dijon

Procès verbal d’annonce de ban de vendange par les officiers de la justice de Fontaine-lès-Dijon aux habitants de la communauté dudit lieu (Archives départementales de la Côte-d’Or, B/610 1-2).

Au XVIIIe siècle, ce sont des officiers de justice qui sont chargés de la proclamation de l’ouverture du ban de vendange et plusieurs procès-verbaux de cette annonce aux habitants de Fontaine-lès-Dijon figurent dans les archives de la justice de la seigneurie du lieu. En 1749, le temps est révolu où c’était le vicomte mayeur de Dijon qui venait aviser en grande pompe de la date où la récolte du raisin pouvait commencer. Néanmoins, l’annonce continue à obéir à un cérémonial et reste empreint de solennité. Ainsi ce jeudi 26 septembre 1749, Antoine-Laurent Lemoine, notaire royal et juge sur le territoire de la seigneurie de Fontaine-lès-Dijon se rend en personne à Fontaine. Il est accompagné de Dominique Joly, procureur de la chambre des comptes de Bourgogne et Bresse et greffier des terres et de la seigneurie de Fontaine. Tous deux se présentent à midi sous la halle du Perron qui est le lieu ordinaire où se tient la justice. Ils font sonner pour avertir les procureurs de la communauté et les vigniers de leur arrivée, afin qu’ils comparaissent sous la halle. Les procureurs sont les gestionnaires de la communauté. Ils rendent compte chaque année de la gestion du budget de la communauté aux administrés et à l’intendant. Quant aux vigniers ce sont des garde-vignes choisis, comme les procureurs, par la communauté villageoise, chaque année. Pour cette année 1749, le juge déclare qu’à Fontaine, le seigneur (Bénigne Bouhier) et ses ayants droits (ses fermiers) pourront commencer à vendanger le lundi 30 septembre, tandis que les autres habitants pourront le faire sur l’étendue de la seigneurie le lendemain, mardi 1er octobre. Pour les vendanges, le 1er octobre est une date moyenne[1] mais il était de coutume au Moyen Âge que le seigneur récolte en premier ses raisins afin d’être le premier à commercialiser sa récolte[2]. Le privilège est resté, car c’est un bon moyen de faciliter le contrôle du montant des redevances seigneuriales et de bénéficier de toutes les forces de travail disponibles sur place. La proclamation faite, les procureurs de la communauté disent se soumettre à la sentence et promettent de la respecter sous peine d’amende. Les quatre vigniers en exercice, qui sont des vignerons assermentés, sont enjoints de se montrer vigilants jusqu’aux vendanges. Leur tâche consiste à patrouiller de jour et de nuit, armés d’un bâton, emblème de leur fonction, et ils ne manquent pas de travail. Non seulement ils verbalisent tous ceux qui vendangent avant la levée du ban mais aussi ceux qui grappillent, volent le raisin, ou traversent les vignes non vendangées, sans parler des propriétaires de bêtes qui s’introduisent dans les parcelles… Ils sont d’autant plus redoutés qu’ils sont intéressés aux amendes, celles-ci revenant à la communauté qui les rémunère[3].

Sigrid Pavèse

[1] LABBÉ (Thomas), GAVEAU (Fabien), « Les dates de bans de vendange à Dijon », Revue historique, N°2011/1, n° 657, p. 19-51.
[2] GRILLON (Guillaume), GARCIA (Jean-Pierre), LABBÉ (Thomas), Vignes et vins de Talant, Faton, Dijon, 2021, p. 35.
[3] Archives départementales de la Côte-d’Or, C 531. Compte des deniers reçus déboursés par les procureurs pour l’année 1773.

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