Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1961

À Fontaine, l’actualité de 1961 est toujours dominée par l’Algérie : l’année s’ouvre sur les résultats du référendum où les électeurs de métropole et d’Algérie ont été invités à se prononcer sur le principe de l’autodétermination et sur un projet provisoire d’organisation des pouvoirs publics en Algérie. Les Fontainois acceptent à plus de 78% que les populations algériennes décident de leur sort. Par ce vote massif et comme le reste des métropolitains, les Fontainois expriment leur volonté d’en finir avec cette guerre. En Algérie, malgré une participation plus faible, les habitants ont voté dans le même sens, à l’exception de la population européenne qui s’inquiète d’une Algérie séparée de la France. En principe, la rubrique locale tient le lecteur à l’écart des événements nationaux et internationaux.  Pourtant le conseil municipal qui s’est déroulé le 22 avril débute par « un appui sans réserve du conseil municipal à Monsieur le Président de la République et au gouvernement pour la défense de l’autorité de l’État et de la légalité républicaine, et une condamnation de l’action misérable entreprise par les chefs de la faction et leurs complices militaires ou civils », ajoutant que ces sentiments sont également ceux de la population. En effet, contre la politique de décolonisation du général de Gaulle et pour garder l’Algérie française, quatre généraux ont organisé un coup d’état militaire le 22 avril 1961 et se sont emparés d’Alger. Quand le compte-rendu de la séance est rapporté le 27 avril, le putsch est terminé car le contingent est resté fidèle à de Gaulle, chef des armées, mais la prise de position du conseil a quand même été relayée. Par ailleurs, les appelés continuent à servir en Algérie et, pour des raisons à la fois symboliques et de proximité, l’envoi de colis par la municipalité à l’occasion de la fête nationale ne manque pas d’être mentionné.

La rubrique relative à Fontaine-lès-Dijon est avant tout un outil de communication pour le maire qui y fait paraître ses arrêtés marqués par l’époque, tandis que les associations annoncent la date de leurs manifestations : bal et voyage des pompiers, présence de l’alambic… C’est ainsi que l’édile rappelle tantôt que les chiens ne doivent pas divaguer, tantôt qu’il est formellement interdit de déposer des ordures, des matériaux ou de la terre sans autorisation écrite dans les carrières qui ne sont plus exploitées et qui parsèment la commune. Il indique qu’une autre opération de dératisation est programmée. En cette année 1961, une nouvelle ligne d’autobus desservant la rue du Faubourg Saint-Martin est mise en service. Son terminus est la mare, ce qui entraine la convergence de deux bus dans le village… Une longue liste de mesures est alors détaillée, rue par rue et tronçon par tronçon, pour interdire ou limiter le stationnement. Quant aux comptes-rendus de conseils municipaux, ils sont aléatoires et annoncent que l’étude des futurs équipements se poursuit : réseau d’eau, terrain de sports. Le principe de l’établissement d’un bureau de poste est entériné place des Carrois : il faudra attendre cependant douze ans pour qu’il sorte de terre… tandis que la deuxième phase de construction du groupe scolaire des Carrois est inscrite au tableau départemental des constructions scolaires à réaliser en priorité. La municipalité demande à l’autorité de tutelle de vendre par lots les friches du Rompot pour installer des chantiers ou des entrepôts. On sait que l’autorité préfectorale refusera en raison du projet de rocade sud… Aucune allusion n’est faite sur le plan d’urbanisme communal, qui pourtant est adopté la même année. Il ne faut pas chercher un journalisme d’investigation dans les lignes consacrées à Fontaine par Le Bien public. Les mises en perspective fouillées d’un sujet, avec rappel du contexte, en présence de plusieurs points de vue n’existent pas et on ne donne pas la parole aux habitants. Les articles sont surtout des informations pratiques.

Sigrid Pavèse

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