Le pressoir horizontal de la famille Sicardet

Archives photographiques de Fontaine-lès-Dijon

De 1992 à 1997, un pressoir a orné le rond-point Charles-de-Gaulle à Fontaine-lès-Dijon. Il avait été donné à la Ville en 1985 par Roger et Victor Sicardet. Depuis 1968, date de sa dernière utilisation, il faisait le bonheur des vrillettes et des araignées dans la grange de la maison située 15 rue Jehly-Bachellier. Les deux frères le tenaient de leur grand-père, Edme-Hippolyte Sicardet, propriétaire récoltant, qui avait acquis la maison en 1873[1].

Ce pressoir était un pressoir horizontal à coffre simple, dont le type est connu avant la Révolution[2]. Le corps du pressoir était une caisse en forme de parallélépipède allongé. Les côtés étaient composés de pièces en chêne solidement assemblées. Sur un des petits côtés, l’une des traverses portait l’écrou de la vis, de sorte que la pression sur la vendange s’exerce horizontalement dans le coffre, au contraire d’autres pressoirs où la pression s’exerce verticalement. Le fond de la caisse (maie) était entretoisé de quelques traverses. Les côtés et le fond étaient revêtus intérieurement de planches étroites laissant entre elles des fentes de quelques millimètres de largeur pour le passage du jus. On apportait le raisin dans le coffre à l’aide de sapines (petits baquets). Après l’avoir rangé jusqu’en haut des parois et égalisé avec une grappine (pioche à trois dents), on mettait sur le marc un plateau de bois appelé manteau et différentes pièces de bois (les cales), maintenues par des brides de fixation pour former le couvercle qui devait résister à la pression. On tournait le volant qui donnait le mouvement à la vis pour pousser une grosse pièce en bois appelée mouton contre les grappes et presser le raisin. Le jus s’écoulait par les trous des parois et du plancher, se répandait sur la maie, puis coulait vers la goulotte sous laquelle on plaçait un baquet pour le recevoir. Ce type de pressoir avait plusieurs avantages. Il pouvait se transporter d’une place à une autre grâce à ses roues. Le jus restait peu de temps dans le marc et gagnait ainsi en qualité. De plus, à partir d’une masse donnée de vendange, on obtenait plus de vin qu’avec les autres pressoirs car la force de la pression était importante.

Il était prévu que ce pressoir soit placé à l’abri des intempéries dans un local aménagé dans le jardin de la galerie La Source, mais ce projet n’a pas abouti. Le pressoir a finalement été installé sur le rond-point Charles-de-Gaulle pour lui conférer une note décorative et rappeler le passé viticole de la commune, mais les aléas météorologiques l’ont irrémédiablement détérioré. Il a finalement été enlevé et détruit. Un pressoir du même type peut aujourd’hui être admiré salle Alix de Vergy à Talant.                                                                                                                                                                       Sigrid Pavèse

[1] Archives départementales de la Côte-d’Or, 4E6, Roux, notaire, 30 novembre 1873.
[2] ROZIER (abbé François) [1734-1793], « Presser, pressoir, pressée », Cours complet d’agriculture, t. 8, p. 370-385.

 

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