Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1951

En 1951, la commune n’est guère mise en avant puisqu’elle n’apparaît que quatre fois dont trois pour des communiqués. Le premier annonce la date de la fête patronale. Le second est un avis de la mairie invitant les usagers du chemin des Combottes à la prudence parce qu’il est en réparation. En fait de « réparation », la municipalité aménage cette voie correspondant à l’ancien chemin de Fontaine à Talant pour s’adapter à l’extension urbaine et répondre à une augmentation du trafic. Le troisième message est une convocation des adhérents du syndicat des petits fruits concernant la déclaration de récolte. En effet, en 1951 et pour une vingtaine d’années encore, Fontaine est un gros pourvoyeur de cerises, groseilles, cassis, framboises et prunes que le syndicat, fondé en 1926 par les agriculteurs et viticulteurs de la commune, collecte à destination des liquoristes dijonnais.

Un article plus long, malheureusement non illustré, est consacré aux obsèques de l’ancien maire de Fontaine, Maurice Supernant. Il fait une large part au discours du maire de Couternon, Marcel Isselin, car Maurice Supernant était le président en titre du syndicat intercommunal d’électrification de Plombières et Marcel Isselin, le vice-président. Ce dernier souligne le combat acharné de Maurice Supernant en butte à l’opposition de « l’EDF » et au défaut de crédits, pour terminer le plus rapidement possible l’électrification de tous les écarts. Dans un syndicat qui réunissait surtout des communes rurales, Maurice Supernant avait fait le choix de donner la priorité à l’électrification des fermes les plus isolées au détriment de l’amélioration et de l’extension du réseau dans les communes suburbaines comme Fontaine, dont les besoins augmentaient avec la création de nouveaux lotissements. Les communes rurales perdaient donc en Maurice Supernant un tenace défenseur de leurs intérêts. Parallèlement, Maurice Supernant a été le promoteur du syndicat des eaux de la vallée de l’Ouche et de celui du gaz. Ancien ingénieur des ponts et chaussées, il réunissait à la fois compétences techniques et qualités d’administrateur et pour administrer la commune de Fontaine dans la décennie 1935-1945 il lui fallut être performant… Comme ses actions en tant que maire de Fontaine rappelées dans le discours d’hommage de son successeur à la mairie de Fontaine, Léonce Lamberton, ne sont pas rapportées dans l’article, il faut rechercher dans les registres des délibérations municipales ce qui a marqué son mandat. On apprend ainsi qu’il a poursuivi l’installation de l’eau potable dans la commune, qu’il a permis la constitution du réseau du gaz, qu’il a pourvu à l’institution d’un service d’enlèvement des ordures ménagères. Dès 1938, confronté à la mise en chantier de nouvelles constructions à proximité de la rue de Dijon, il alerte les autorités sur la nécessité d’établir un règlement d’urbanisme à faire respecter par les lotisseurs et, en 1943, il fait adhérer la commune au groupe d’urbanisme de Dijon qui aboutira après-guerre, au premier plan d’aménagement urbain de la commune. En 1939, du fait de la guerre, les enfants de Fontaine ne pouvant plus être scolarisés à Dijon en raison des locaux réquisitionnés et du danger des raids aériens, il fait aménager en urgence deux classes provisoires et une cour de récréation sommaire. Avec l’invasion de mai 1940, il doit faire face à l’afflux de réfugiés, qui sont à la charge de la commune, tandis que les Fontainois ont fui vers la campagne et que les cartes d’alimentation distribuées par la mairie apparaissent en juin. Les réfugiés partis, le maire est confronté aux difficultés croissantes de ravitaillement et à l’inégalité de traitement entre les communes. En avril 1941, il proteste auprès de l’autorité à propos des possibilités d’achat de viande et de pomme de terre qui défavorisent les habitants de Fontaine. En réponse, il est suspendu pour un mois par le préfet car il « remplit ses fonctions en méconnaissant les difficultés actuelles »… Le conseil municipal prend alors une délibération où il exprime au maire son sentiment de confiance totale et sa gratitude pour la dignité avec laquelle il remplit ses délicates fonctions. Pendant que l’ennemi occupe Fontaine, que des habitants sont prisonniers de guerre, il a à affronter de nombreux drames comme l’assassinat des résistants Darnet et Pontiroli. Après la Libération, son action n’est pas contestée et il reste maire jusqu’aux élections municipales de 1945 où il ne se représente pas. Bien que sa valeur ait été unanimement saluée par ses contemporains, aujourd’hui, ce maire dévoué est bien oublié.

Sigrid Pavèse

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