Un abécédaire pittoresque de la vigne et du vin à Fontaine-lès-Dijon

Un abécédaire pittoresque de la vigne et du vin à Fontaine-lès-Dijon par Nicole Lamaille et Sigrid Pavèse.

Dans cet ouvrage, la vigne de Fontaine-lès-Dijon se raconte. Illustrant le texte de Sigrid Pavèse, les aquarelles de Nicole Lamaille font ressurgir tout un pan de la viticulture resté dans l’ombre des grands vins de la Côte. Les petits tableaux de l’artiste éclairent une tradition millénaire en ajoutant un peu de magie à un Fontaine qui se transforme tout en restant le même. Ils brossent un panorama de ce vignoble qui étanchait la soif du peuple dijonnais et, aujourd’hui, ne laissent pas sans voix la foule des petits et leurs pratiques culturales. Ils redonnent à ce vignoble sa place dans l’histoire viticole des terroirs dijonnais et contribuent à renforcer l’image d’une incroyable diversité du patrimoine culturel lié à  la vigne.

Livre relié de 64 pages.
Éditeur : Édisen
Prix : 19 €
En vente : Points-Presse ; Intermarché, Saint-Martin et  Trois-Saffres à Fontaine-lès-Dijon. Librairies à Dijon.

Visites estivales

Sur la butte de Fontaine, les murs ceinturent, grimpent ou dévalent les pentes. Ils sont un motif emblématique du paysage qu’ils subliment.  Mais à quelles préoccupations répondaient-ils ? Venez le découvrir à l’occasion de trois promenades commentées. Chaque visite proposera une enceinte différente à explorer.  Rendez-vous pour chacune, place des Feuillants à 9 h 30.

Mardi 18 juillet : L’enclos des Feuillants
Mercredi 2 août : L’enceinte monastique dans l’enclos des Feuillants
Jeudi 17 août : Le clos des champs d’Aloux.

Gratuit. Ouvert à tous.

Journées européennes du patrimoine 2023

AUTOUR DES RONDS POINTS À FONTAINE-LÈS-DIJON

Samedi 16 septembre 2023 :
14 h 30. Départ : Angle route d’Ahuy-Rue Majnoni d’Intignano.
Bus: arrêt Le Suzon.

Rond-point des 3 Saffres ©Anne Lambert

L’idée de regarder des ronds-points, comme des objets patrimoniaux peut paraître saugrenue car ce sont des infrastructures utilitaires souvent défavorablement connotées. Ces ouvrages ont pourtant une histoire. Ils participent à la structuration du territoire. Ce  sont des révélateurs d’enjeux identitaires et d’évolutions sociétales. Pour les journées du Patrimoine, Sigrid Pavèse vous propose d’explorer à Fontaine-lès-Dijon ce thème qui n’a rien de banal.

Gratuit. Ouvert à tous.

 

Retour en images

Une vidéo de la visite-conférence de Françoise Perrot sur les vitraux de l’église Saint-Bernard et de l’oratoire de Béthanie a été tournée par Jean-Pierre Deschamps de Vision 2000.

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Également sur: https://www.youtube.com/watch?v=VuCrYODxnDc

 

La herse de la tour d’entrée de la maison natale de saint Bernard

Avant la restauration de la tour d’entrée de la Maison natale de saint Bernard, le rez-de-chaussée laissait voir l’encadrement d’une grande ouverture en arc segmentaire qui avait été murée pour laisser place à une fenêtre moderne. Au début de l’année 1883, le dessin du rez-de-chaussée de la tour d’entrée par Paul Selmersheim, architecte des restaurations, avait été guidé par cet aspect et par la voûte en berceau segmentaire de la salle située à l’arrière. Paul Selmersheim conservait la fenêtre et mettait en valeur l’ancienne porte par un arc surbaissé avec un retrait des piédroits de 40 cm.

Au moment de la réalisation du projet[1], on s’aperçut qu’il existait sous le parement une autre ouverture en arc brisé avec présence d’une rainure de herse. Devant cette découverte inattendue, Paul Selmersheim retraça une nouvelle ouverture. En effet, dans l’esprit des concepteurs, les restaurations devaient être un habillage contemporain qui conservait, dans la mesure du possible, les traces du passé le plus ancien en faisant en sorte qu’elles soient repérables, sans altérer l’harmonie d’ensemble de la façade. Selmersheim créa donc une baie en arc brisé à deux rouleaux, fit remplacer les pierres gelées de l’arc d’origine, garda les pierres qui remontaient probablement au XIVe siècle[2] ainsi que leurs enduits. Considérant que l’arc en arrière de la rainure avait été refait en même temps que le berceau de la salle, il lui substitua un arc en tiers-point comme à l’extérieur.

Pour rappeler l’ancienne herse, il eut l’idée de faire forger une grille fixe fermant la baie aux trois-quarts, dont il confia la réalisation à l’entrepreneur de serrurerie dijonnais Bernard Chaffotte[3]. Composée de 19 montants avec une grande pointe forgée à une extrémité et de 11 traverses en fer fin et rond, passant dans 183 trous renflés et goupillés, elle pèse 252 kg. Afin d’éclairer la salle qui abrite les gonds de l’ancienne porte, il fit fermer le haut de la baie par un vitrail. Comme toutes les verrières qui ont été posées dans la Maison natale à cette époque, celle-ci a été créée spécialement par le peintre verrier parisien Léon Ottin[4]. La fausse herse protège donc le vitrail, rappelle le passé, tout en jouant un rôle dans l’esthétique de la tour. Elle est une réponse artistique et architecturale à une donnée nouvelle survenue en cours de chantier, pour respecter un aspect patrimonial.

Sigrid Pavèse avec la collaboration d’Élisabeth Réveillon

 

[1] Archives diocésaines de Dijon, 5 L 2/2, Lettre de Paul Selmerseim à Christian de Bretenières, 31 juillet 1883.
[2] D’après, Hervé Mouillebouche, entretien oral.
[3] Archives diocésaines de Dijon, 5 L 2/2, Mémoire n° 12.
[4] Archives diocésaines de Dijon, 5 L 2/2, Lettre de Paul Selmersheim à Christian de Bretenières, 3 novembre 1883.

Chanson des vignerons de Fontaine

Michel-Hilaire Clément Janin (1831-1885) était rédacteur, notamment au quotidien Le Progrès de la Côte-d’Or. Il a publié de nombreux articles sur l’histoire et les traditions populaires bourguignonnes. Dans un cahier de notes, il a consigné les paroles de chansons qu’il a collectées. Parmi elles se trouve La chanson des vignerons de Fontaine, recueillie chez son ami Lhéritier en janvier 1869 et accompagnée de la note en marge : « Cette chanson se retrouve à peu près dans le Romancero de Champagne »[1]. Lorsque le journaliste a retranscrit cette chanson, c’était bien avant sa réactualisation par le chansonnier à succès Aristide Bruant (1851-1925) qui l’avait mise à son répertoire et l’avait rendue très populaire. Elle avait été publiée le 12 juin 1892 dans le supplément hebdomadaire Le Gil Blas illustré sous le titre La vigne au vin, « Vieille chanson bourguignonne », accompagnée d’une illustration de l’artiste Théophile Alexandre Steinlein. Sa diffusion en avait été facilitée et elle était devenue une chanson à boire.

À l’origine, cette ronde était une chanson de vendanges dont la structure initiale remonte au moins au XVIe siècle[2]. Elle décrit toutes les étapes à l’origine du vin et sa consommation. Certaines versions sont courtes comme dans l’adaptation enfantine « Plantons la vigne », d’autres plus longues en fonction des étapes de la croissance de la vigne, de la fabrication et de la consommation du vin qu’on choisit de chanter ou d’ignorer.

Dans la variante fontainoise, le travail de la vigne a une part importante : « taille, pioche, attache, coupe, presse », alors que d’autres adaptations privilégient davantage le cycle du végétal : pousse, feuille, fleur, graine, grappe. À Fontaine, la hotte est absente et la tonne fait place au fût. Des mots comme « brousse » ou « renarde [3]» sont spécifiques et un peu mystérieux[4]. Le verre est évoqué mais s’y ajoute la trinquée, tandis que la bouche et le ventre sont remplacés par « l’homme ».

Ces particularismes viennent sans doute de ce que les vendanges ont toujours utilisé une main d’œuvre mobile. Des groupes se déplaçaient d’une région à l’autre et se mêlaient aux autochtones, apportant avec eux des chansons apprises au cours de leur migration et qui se chantaient ensemble. L’appropriation entraînait des glissements, mais l’esprit demeurait. L’adaptation fontainoise comprend 16 couplets avec reprise de la nouvelle étape dans les deux dernières lignes. Clément-Janin ne dit rien de la mélodie, mais le deuxième vers de redite commençant par « le » ou « la voilà » ne figure pas, et si l’air ressemble à la reprise de Bruant, la mélodie est un peu différente[5]. C’est pourquoi cette interprétation entendue à Fontaine justifie l’appellation « Chanson des vignerons de Fontaine ».

Sigrid Pavèse

[1] Romancero de Champagne, collection des poètes de Champagne antérieurs au XVIe siècle, tome 3 Partie 3 (éd. 1863-1864), Hachette livre et BNF.
[2] DAVENSON (Henri), Le livre des chansons, ou introduction à la connaissance de la chanson populaire française, 1944. Nombreuses rééditions.
[3] TAVERDET (Gérard) : « Brousse » pourrait signifier bourgeon et « renarde » renvoi. Le verbe renâder peut signifier avoir des renvois.
[5] Cette mélodie a été transcrite par Henri Berthat, archives municipales de Fontaine-lès-Dijon, tapuscrit.