Visites estivales

Sur la butte de Fontaine, les murs ceinturent, grimpent ou dévalent les pentes. Ils sont un motif emblématique du paysage qu’ils subliment.  Mais à quelles préoccupations répondaient-ils ? Venez le découvrir à l’occasion de trois promenades commentées. Chaque visite proposera une enceinte différente à explorer.  Rendez-vous pour chacune, place des Feuillants à 9 h 30.

Mardi 18 juillet : L’enclos des Feuillants
Mercredi 2 août : L’enceinte monastique dans l’enclos des Feuillants
Jeudi 17 août : Le clos des champs d’Aloux.

Gratuit. Ouvert à tous.

Journées européennes du patrimoine 2023

AUTOUR DES RONDS POINTS À FONTAINE-LÈS-DIJON

Samedi 16 septembre 2023 :
14 h 30. Départ : Angle route d’Ahuy-Rue Majnoni d’Intignano.
Bus: arrêt Le Suzon.

Rond-point des 3 Saffres ©Anne Lambert

L’idée de regarder des ronds-points, comme des objets patrimoniaux peut paraître saugrenue car ce sont des infrastructures utilitaires souvent défavorablement connotées. Ces ouvrages ont pourtant une histoire. Ils participent à la structuration du territoire. Ce  sont des révélateurs d’enjeux identitaires et d’évolutions sociétales. Pour les journées du Patrimoine, Sigrid Pavèse vous propose d’explorer à Fontaine-lès-Dijon ce thème qui n’a rien de banal.

Gratuit. Ouvert à tous.

 

Retour en images

Une vidéo de la visite-conférence de Françoise Perrot sur les vitraux de l’église Saint-Bernard et de l’oratoire de Béthanie a été tournée par Jean-Pierre Deschamps de Vision 2000.

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Également sur: https://www.youtube.com/watch?v=VuCrYODxnDc

 

La herse de la tour d’entrée de la maison natale de saint Bernard

Avant la restauration de la tour d’entrée de la Maison natale de saint Bernard, le rez-de-chaussée laissait voir l’encadrement d’une grande ouverture en arc segmentaire qui avait été murée pour laisser place à une fenêtre moderne. Au début de l’année 1883, le dessin du rez-de-chaussée de la tour d’entrée par Paul Selmersheim, architecte des restaurations, avait été guidé par cet aspect et par la voûte en berceau segmentaire de la salle située à l’arrière. Paul Selmersheim conservait la fenêtre et mettait en valeur l’ancienne porte par un arc surbaissé avec un retrait des piédroits de 40 cm.

Au moment de la réalisation du projet[1], on s’aperçut qu’il existait sous le parement une autre ouverture en arc brisé avec présence d’une rainure de herse. Devant cette découverte inattendue, Paul Selmersheim retraça une nouvelle ouverture. En effet, dans l’esprit des concepteurs, les restaurations devaient être un habillage contemporain qui conservait, dans la mesure du possible, les traces du passé le plus ancien en faisant en sorte qu’elles soient repérables, sans altérer l’harmonie d’ensemble de la façade. Selmersheim créa donc une baie en arc brisé à deux rouleaux, fit remplacer les pierres gelées de l’arc d’origine, garda les pierres qui remontaient probablement au XIVe siècle[2] ainsi que leurs enduits. Considérant que l’arc en arrière de la rainure avait été refait en même temps que le berceau de la salle, il lui substitua un arc en tiers-point comme à l’extérieur.

Pour rappeler l’ancienne herse, il eut l’idée de faire forger une grille fixe fermant la baie aux trois-quarts, dont il confia la réalisation à l’entrepreneur de serrurerie dijonnais Bernard Chaffotte[3]. Composée de 19 montants avec une grande pointe forgée à une extrémité et de 11 traverses en fer fin et rond, passant dans 183 trous renflés et goupillés, elle pèse 252 kg. Afin d’éclairer la salle qui abrite les gonds de l’ancienne porte, il fit fermer le haut de la baie par un vitrail. Comme toutes les verrières qui ont été posées dans la Maison natale à cette époque, celle-ci a été créée spécialement par le peintre verrier parisien Léon Ottin[4]. La fausse herse protège donc le vitrail, rappelle le passé, tout en jouant un rôle dans l’esthétique de la tour. Elle est une réponse artistique et architecturale à une donnée nouvelle survenue en cours de chantier, pour respecter un aspect patrimonial.

Sigrid Pavèse avec la collaboration d’Élisabeth Réveillon

 

[1] Archives diocésaines de Dijon, 5 L 2/2, Lettre de Paul Selmerseim à Christian de Bretenières, 31 juillet 1883.
[2] D’après, Hervé Mouillebouche, entretien oral.
[3] Archives diocésaines de Dijon, 5 L 2/2, Mémoire n° 12.
[4] Archives diocésaines de Dijon, 5 L 2/2, Lettre de Paul Selmersheim à Christian de Bretenières, 3 novembre 1883.

Chanson des vignerons de Fontaine

Michel-Hilaire Clément Janin (1831-1885) était rédacteur, notamment au quotidien Le Progrès de la Côte-d’Or. Il a publié de nombreux articles sur l’histoire et les traditions populaires bourguignonnes. Dans un cahier de notes, il a consigné les paroles de chansons qu’il a collectées. Parmi elles se trouve La chanson des vignerons de Fontaine, recueillie chez son ami Lhéritier en janvier 1869 et accompagnée de la note en marge : « Cette chanson se retrouve à peu près dans le Romancero de Champagne »[1]. Lorsque le journaliste a retranscrit cette chanson, c’était bien avant sa réactualisation par le chansonnier à succès Aristide Bruant (1851-1925) qui l’avait mise à son répertoire et l’avait rendue très populaire. Elle avait été publiée le 12 juin 1892 dans le supplément hebdomadaire Le Gil Blas illustré sous le titre La vigne au vin, « Vieille chanson bourguignonne », accompagnée d’une illustration de l’artiste Théophile Alexandre Steinlein. Sa diffusion en avait été facilitée et elle était devenue une chanson à boire.

À l’origine, cette ronde était une chanson de vendanges dont la structure initiale remonte au moins au XVIe siècle[2]. Elle décrit toutes les étapes à l’origine du vin et sa consommation. Certaines versions sont courtes comme dans l’adaptation enfantine « Plantons la vigne », d’autres plus longues en fonction des étapes de la croissance de la vigne, de la fabrication et de la consommation du vin qu’on choisit de chanter ou d’ignorer.

Dans la variante fontainoise, le travail de la vigne a une part importante : « taille, pioche, attache, coupe, presse », alors que d’autres adaptations privilégient davantage le cycle du végétal : pousse, feuille, fleur, graine, grappe. À Fontaine, la hotte est absente et la tonne fait place au fût. Des mots comme « brousse » ou « renarde [3]» sont spécifiques et un peu mystérieux[4]. Le verre est évoqué mais s’y ajoute la trinquée, tandis que la bouche et le ventre sont remplacés par « l’homme ».

Ces particularismes viennent sans doute de ce que les vendanges ont toujours utilisé une main d’œuvre mobile. Des groupes se déplaçaient d’une région à l’autre et se mêlaient aux autochtones, apportant avec eux des chansons apprises au cours de leur migration et qui se chantaient ensemble. L’appropriation entraînait des glissements, mais l’esprit demeurait. L’adaptation fontainoise comprend 16 couplets avec reprise de la nouvelle étape dans les deux dernières lignes. Clément-Janin ne dit rien de la mélodie, mais le deuxième vers de redite commençant par « le » ou « la voilà » ne figure pas, et si l’air ressemble à la reprise de Bruant, la mélodie est un peu différente[5]. C’est pourquoi cette interprétation entendue à Fontaine justifie l’appellation « Chanson des vignerons de Fontaine ».

Sigrid Pavèse

[1] Romancero de Champagne, collection des poètes de Champagne antérieurs au XVIe siècle, tome 3 Partie 3 (éd. 1863-1864), Hachette livre et BNF.
[2] DAVENSON (Henri), Le livre des chansons, ou introduction à la connaissance de la chanson populaire française, 1944. Nombreuses rééditions.
[3] TAVERDET (Gérard) : « Brousse » pourrait signifier bourgeon et « renarde » renvoi. Le verbe renâder peut signifier avoir des renvois.
[5] Cette mélodie a été transcrite par Henri Berthat, archives municipales de Fontaine-lès-Dijon, tapuscrit.

Fontaine-lès-Dijon dans le Bien public de 1960

En 1960, les prix indiqués sont libellés « NF » car le nouveau franc est entré en vigueur le 1er janvier. En effet, le rétablissement de la situation monétaire de la France a été rendu urgent par son entrée dans le marché commun en 1957, afin d’éviter qu’une monnaie trop faible ne pénalise le pays face à la concurrence allemande. Dans cette optique, une des dispositions phares du général de Gaulle est la création du franc lourd qui divise les prix par 100. Tandis que cette mesure portée par le ministre des finances Antoine Pinay ouvre la voie à une prospérité croissante, Fontaine continue à voir les besoins résultant de l’évolution dynamique de la population s’amplifier, sans pouvoir apporter de réponse immédiate. Certes, la commune poursuit ses travaux d’équipements scolaires aux Carrois et aux Saverney, mais le développement des autres infrastructures nécessaires pour s’adapter au rythme de l’expansion de la population est d’autant plus lent qu’il relève de régimes administratifs, techniques et financiers distincts. Dans les rapports sommaires de deux comptes-rendus municipaux, la litanie est longue des démarches entreprises pour hâter l’amélioration de la distribution électrique, de l’alimentation en eau potable, de l’éclairage public, l’établissement d’égouts, la création d’un service de bus desservant la rue faubourg Saint-Martin, la construction du boulevard extérieur… Il faudra souvent attendre plus d’une décennie avant d’obtenir un début de réalisation.

L’augmentation de la population va également de pair avec l’accroissement du trafic routier. Dans la commune, les accidents se multiplient et un arrêté est pris pour limiter la vitesse à 40 km/h pour les véhicules à moteur et 20 km/h pour celle des bicyclettes, mais tolère une vitesse de 60 km/h rue du faubourg Saint-Martin… La signalisation routière est renforcée et, dans le village, des bandes jaunes continues sont tracées pour marquer l’axe de la chaussée, les rues n’étant pas à sens unique. En 1971, elles changeront de couleur pour se mettre en conformité avec la norme européenne.

Des colis continuent à être envoyés aux appelés d’Algérie mais le Bien public passe sous silence le conseil municipal du 30 janvier 1960, si bien que le vote de confiance à l’unanimité adressé au président de la République par le conseil municipal présidé par le maire Léonce Lamberton, pour rétablir l’ordre et faire respecter par tous l’autorité de l’État, n’est pas rapporté. Cette adresse trouve son origine dans les journées insurrectionnelles qui portent le nom de « semaine des barricades ». En effet, après la reconnaissance le 16 septembre 1959 du droit à l’autodétermination du peuple algérien, des ultras de l’Algérie française ont organisé à partir du 24 janvier des manifestations de protestation au cours desquelles des barricades ont été dressées. Des coups de feu ont été échangés, faisant 22 morts et 147 blessés parmi la foule et les forces de l’ordre. Deux jours avant le conseil municipal, le général de Gaulle en uniforme, avait fait une allocution télévisée où il appelait l’armée à ne pas se joindre aux insurgés qu’il condamnait.

En marge de ces événements, une photo parue en première page du Bien public du 18 janvier 1960 illustre le plaisir dominical de lugeurs et de patineurs sur la mare de Fontaine car une vague de froid courte mais intense a transformé la mare en patinoire naturelle. Cependant, la météo de cette année n’a pas laissé que de bons souvenirs, en octobre, une subvention votée par le conseil municipal pour venir en aide aux sinistrés des inondations rappelle que les pluies tombées sur l’ouest du Massif central ont provoqué des crues sans précédent qui ont fait 20 morts, 30 000 sinistrés et des dégâts matériels considérables.

Parmi les évènements qui ont marqué l’année à Fontaine, la mesure prise en 1956 par Électricité de France d’établir une tension de distribution de 220 volts sur tout le territoire, pour garder la même intensité et permettre de transporter une puissance double dans la même unité de temps, arrive à exécution à Fontaine. Elle entraîna la modification ou l’échange de certains appareils électriques à titre gratuit pour les usagers. Un recensement des appareils en cause fut effectué par des électriciens. À cette époque, les Fontainois comme les autres Français étaient moins équipés en appareils ménagers que les Américains qui, en partie pour cette raison, ont conservé le 110 volts…

Sigrid Pavèse

Un abécédaire pittoresque de la vigne et du vin à Fontaine-lès-Dijon

Un abécédaire pittoresque de la vigne et du vin à Fontaine-lès-Dijon par Nicole Lamaille et Sigrid Pavèse.

Dans cet ouvrage, la vigne de Fontaine-lès-Dijon se raconte. Illustrant le texte de Sigrid Pavèse, les aquarelles de Nicole Lamaille font ressurgir tout un pan de la viticulture resté dans l’ombre des grands vins de la Côte. Les petits tableaux de l’artiste éclairent une tradition millénaire en ajoutant un peu de magie à un Fontaine qui se transforme tout en restant le même. Ils brossent un panorama de ce vignoble qui étanchait la soif du peuple dijonnais et, aujourd’hui, ne laissent pas sans voix la foule des petits et leurs pratiques culturales. Ils redonnent à ce vignoble sa place dans l’histoire viticole des terroirs dijonnais et contribuent à renforcer l’image d’une incroyable diversité du patrimoine culturel lié à  la vigne.

Livre relié de 64 pages.
Éditeur : Édisen
Prix : 19 €
En vente : Points-Presse ; Intermarché, Saint-Martin et  Trois-Saffres à Fontaine-lès-Dijon. Librairies à Dijon.