Un moine, chauffe-lit

Un moine dans le grenier d’une maison familiale à Fontaine-lès-Dijon. (Collection particulière)

Cet objet en forme d’œil ou de luge-traîneau, dressé verticalement dans un grenier, a été photographié au 15 de la rue Jehly-Bachellier, l’ancienne ferme de la famille Sicardet. C’est un moine, un ancien ustensile du quotidien que l’on glissait dans le lit pour servir à le chauffer et à rendre les épais draps en toile plus secs en hiver, tout en évitant de le les brûler.

L’origine du nom est inconnue. Il pourrait être l’abréviation de « chaufferette de moine » qui désignait un objet en usage dans les monastères dont les dortoirs n’étaient pas chauffés. L’explication des jeunes moines chargés de chauffer le lit des plus vieux en s’y installant un moment avant leur coucher est pittoresque mais non documentée.

Longue d’environ 1,30 m, large et haute de 30 cm, la structure est composée de quatre arceaux de bois cloués entre eux deux par deux, avec au centre des plaques métalliques en haut et en bas, servant de réceptacle au réchaud proprement dit.

« On suspendait un petit seau rempli de braises encore chaudes à un crochet du support supérieur. Pour le manipuler sans se brûler, le récipient avait une poignée. On glissait le moine sous les couvertures pour diffuser la chaleur des braises afin de compenser la froideur des chambres. J’en ai profité pendant mon enfance car je dormais dans la chambre du rez-de-chaussée qui était très grande et sans chauffage. Heureusement, les progrès en matière de chauffage ont rendu cet objet inutile ! » raconte Madeleine Festeau-Sicardet.

Sigrid Pavèse

Le pressoir horizontal de la famille Sicardet

Archives photographiques de Fontaine-lès-Dijon

De 1992 à 1997, un pressoir a orné le rond-point Charles-de-Gaulle à Fontaine-lès-Dijon. Il avait été donné à la Ville en 1985 par Roger et Victor Sicardet. Depuis 1968, date de sa dernière utilisation, il faisait le bonheur des vrillettes et des araignées dans la grange de la maison située 15 rue Jehly-Bachellier. Les deux frères le tenaient de leur grand-père, Edme-Hippolyte Sicardet, propriétaire récoltant, qui avait acquis la maison en 1873[1].

Ce pressoir était un pressoir horizontal à coffre simple, dont le type est connu avant la Révolution[2]. Le corps du pressoir était une caisse en forme de parallélépipède allongé. Les côtés étaient composés de pièces en chêne solidement assemblées. Sur un des petits côtés, l’une des traverses portait l’écrou de la vis, de sorte que la pression sur la vendange s’exerce horizontalement dans le coffre, au contraire d’autres pressoirs où la pression s’exerce verticalement. Le fond de la caisse (maie) était entretoisé de quelques traverses. Les côtés et le fond étaient revêtus intérieurement de planches étroites laissant entre elles des fentes de quelques millimètres de largeur pour le passage du jus. On apportait le raisin dans le coffre à l’aide de sapines (petits baquets). Après l’avoir rangé jusqu’en haut des parois et égalisé avec une grappine (pioche à trois dents), on mettait sur le marc un plateau de bois appelé manteau et différentes pièces de bois (les cales), maintenues par des brides de fixation pour former le couvercle qui devait résister à la pression. On tournait le volant qui donnait le mouvement à la vis pour pousser une grosse pièce en bois appelée mouton contre les grappes et presser le raisin. Le jus s’écoulait par les trous des parois et du plancher, se répandait sur la maie, puis coulait vers la goulotte sous laquelle on plaçait un baquet pour le recevoir. Ce type de pressoir avait plusieurs avantages. Il pouvait se transporter d’une place à une autre grâce à ses roues. Le jus restait peu de temps dans le marc et gagnait ainsi en qualité. De plus, à partir d’une masse donnée de vendange, on obtenait plus de vin qu’avec les autres pressoirs car la force de la pression était importante.

Il était prévu que ce pressoir soit placé à l’abri des intempéries dans un local aménagé dans le jardin de la galerie La Source, mais ce projet n’a pas abouti. Le pressoir a finalement été installé sur le rond-point Charles-de-Gaulle pour lui conférer une note décorative et rappeler le passé viticole de la commune, mais les aléas météorologiques l’ont irrémédiablement détérioré. Il a finalement été enlevé et détruit. Un pressoir du même type peut aujourd’hui être admiré salle Alix de Vergy à Talant.                                                                                                                                                                       Sigrid Pavèse

[1] Archives départementales de la Côte-d’Or, 4E6, Roux, notaire, 30 novembre 1873.
[2] ROZIER (abbé François) [1734-1793], « Presser, pressoir, pressée », Cours complet d’agriculture, t. 8, p. 370-385.

 

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1958

L’année 1958 est marquée par les élections cantonales, en avril, et les élections législatives, en novembre, remportées, à Fontaine, par le Centre National des Indépendants (CNI) fondé en 1949. Ce parti réunit des courants de droite non gaulliste, conservatrice et libérale. Le samedi 19 avril, à la veille du scrutin des cantonales, le maire de Fontaine, Léonce Lamberton, publie une tribune de soutien au candidat sortant du CNI qui se représente, M. Hauser : le code électoral n’empêchait pas alors la promotion publicitaire de la gestion d’une collectivité par un élu pour faire pression sur son électorat et ce, au mépris de l’égalité entre les candidats.

Avec le retour au pouvoir du général de Gaulle, à la faveur du contexte insurrectionnel de mai 1958 lié à la guerre d’Algérie et à l’instabilité gouvernementale, les élections législatives de novembre visent à choisir les députés de la première législature de la Cinquième République dont la constitution a été adoptée, par référendum, le 28 septembre 1958. À Fontaine, six mois après les élections cantonales, le nombre des inscrits s’est accru de 16%. La participation à cette élection est massive (80% contre 55% pour les cantonales). Malgré une percée importante (20%) de l’Union pour la nouvelle République (UNR), parti fondé le 1er octobre 1958 pour soutenir l’action du général de Gaulle, qui remporte les élections nationales, à Fontaine, le CNI (34%) demeure en tête avec François Japiot. Élu député de la Côte-d’Or, ce conseiller municipal de Dijon ne rejoint aucun groupe à l’Assemblée nationale.

En 1958, la population fontainoise atteint 2 000 habitants. Fontaine devient donc une ville et elle fait partie des communes où un plan d’urbanisme devient obligatoire. En 1958, il est en cours de préparation. Dans le domaine scolaire, la situation est difficile mais Fontaine n’est pas prioritaire. C’est ainsi que l’autorité supérieure refuse le préfinancement par la commune de deux classes au groupe scolaire des Saverney, ce qui lui permet de nommer un seul instituteur, qui exerce provisoirement au village dans des classes surchargées, car le groupe des Carrois n’est qu’en cours de construction.

Fontaine bascule vers une société plus urbaine mais la ruralité est toujours très prégnante. En octobre, un avis de la mairie rappelle que la divagation des chiens est formellement interdite tant dans les champs que les rues et chemins et que les chiens de chasse ne peuvent sortir qu’en action de chasse et dans les limites prévues par les lois et règlements. De son côté, en décembre, le syndicat des fruits informe ses adhérents que l’alambic est installé chemin Saint-Martin.

Divers avis montrent des services embryonnaires. Le 1er septembre, le journal titre que la Caisse d’épargne inaugure sa 24e succursale à Fontaine et une photo illustre le vin d’honneur servi à la mairie. Cette succursale est ouverte chez la buraliste du village, Mme Viollet, le lundi de chaque semaine de 10 à 11 h… Pour l’enlèvement des ordures, il est rappelé que les récipients et leur contenu doivent permettre une manutention facile et sans danger. L’usage de caisse en mauvais état est interdit, les clous pouvant occasionner des blessures… En janvier le temps froid occasionne des chutes de neige et le maire redit que l’usage de luges ou de traineaux constituant une gêne ou un danger sur les voies publiques tombe sous les interdictions du code de la route. Des ordres ont été donnés aux services de police pour faire respecter cette interdiction.

Sur le plan culturel, la fête patronale, place des Carrois, le bal des pompiers au café de la place du Perron, les cérémonies mémorielles rythment l’année. La fête nationale n’est pas accompagnée de manifestations festives mais il est demandé aux habitants de pavoiser leur maison. Avec l’UFOLEIS, qui est la fédération de Ciné-clubs de la Ligue Française de l’Enseignement et de l’Éducation, des séances de projection de films de qualité sont proposées à tous par le conseil des parents d’élèves.

Sigrid Pavèse