Fontaine-lès-Dijon d’après le plan d’Édouard Bredin dressé en 1547

Pour Fontaine-lès-Dijon, les documents graphiques au XVIe siècle sont rares et la moindre image dessinée comme celle qui apparaît dans « Le vray portraict de la ville de Dijon », suscite l’intérêt. Cette gravure en noir et blanc, de 40 cm sur 29 cm est tiré du tome 1 de la Cosmographie universelle du géographe Sébastien Munster rééditée et augmentée par François de Belleforest en 1575[1].

La mention dans le coin inférieur droit « Geometrice depinxit/Edoardus Bredin 1574 » indique que l’exécution de ce plan a été confiée en 1574 à Édouard Bredin, peintre, dont on sait qu’il a été reçu maître peintre verrier à Dijon en 1561. S’il a été réalisé de manière géométrique, c’est-à-dire avec la prise de mesures, il n’a pas bénéficié d’un relevé topographique[2].

Comme le veut la tradition au XVIe siècle, Bredin représente Dijon en vue cavalière. Dijon nous apparaît avec son enceinte bien tracée ponctuée de tours, de portes et de bastions, les fossés qui l’entourent, ses rues apparentes, ses édifices en relief et une eau abondante. La ville est décentrée vers l’est afin de montrer la campagne qui l’environne c’est pourquoi Fontaine-lès-Dijon est visible.

Le village figure dans l’angle nord-ouest, à droite, caché en partie par les armoiries royales car le plan a été réalisé sur intervention royale. En effet, le président du parlement Denis Brûlart, qui voulait faire exécuter une représentation de Dijon, s’était heurté au refus de la Chambre de la Ville, peu soucieuse de voir révéler l’emplacement de ses fortifications et de ses monuments alors qu’elle était proche de la frontière avec l’Empire germanique. Il avait donc fait appel au roi Charles IX qui avait approuvé l’idée d’un plan de Dijon et la Ville s’était inclinée devant la volonté du Roi[3].

Dans la partie visible de Fontaine, comme dans tout ce « portrait de Dijon », il ne faut pas chercher l’exactitude ainsi qu’en témoigne le profil erroné des montagnes situées en arrière-plan de Fontaine. Le peintre s’est en effet peu soucié de la perspective. Il voulait surtout situer en rendant l’ensemble esthétique et lisible. L’échelle indiquée en toises en bas du plan n’est donc pas respectée : Fontaine est trop rapprochée de Dijon et de Talant. L’édifice, surmonté d’une croix et posé sur un pic isolé a suscité la controverse au XIXe siècle. Il a été identifié tantôt comme étant l’église de Fontaine[4], tantôt comme le château natal de saint Bernard, la croix qui le surmonte montrant qu’il contenait une chapelle consacrée au saint[5]. En réalité, il s’agit de l’image de l’église Saint-Laurent de Daix quand elle était sur le plateau, là où se trouve aujourd’hui le cimetière.

Sur la butte de Fontaine, le château est en partie en ruine comme dans le dessin d’Étienne Martellange[6] 40 ans plus tard et l’église est masquée. Au-dessous, les maisons du bourg bordées pour certaines de palissades se mêlent à des arbres. Le chemin qui part de Fontaine conduit à la porte Guillaume.

La valeur documentaire de ce plan pour Fontaine est donc faible. La précision et l’exactitude ne sont pas visées en premier. L’objectif est de donner une image à la fois reconnaissable et attrayante de la ville de Dijon et de sa situation avec les buttes historiques qui la dominent.

Sigrid Pavèse

[1] BONNAMAS (Lucien), « Les anciens plans de Dijon », Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d’histoire, Tome 25, 1909, p. 339-441.
[2] OURSEL (Charles) « Topographie historique de Dijon. Le quartier des Tanneries », Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, XV, 1906-1910, pp. 1-164.
[3] BRUXELLES (Charlotte de),  Étude du plan Bredin, 1574, Rapport de stage pour un master 2 Archéologie, Culture, Territoire, Environnement, Université de Bourgogne, 2012.
[4] RENAULT (abbé), Notice sur le château paternel et la chambre natale de saint Bernard à Fontaines-lès-Dijon, Fontaine -lès-Dijon, 1874.
[5] BONNAMAS (Lucien), ouvrage déjà cité.
[6] Martellange (Étienne), Vue de Fontaine-lès-Dijon, le 21 septembre 1611.

La dalle funéraire d’un vigneron du XVIe siècle dans l’église de Fontaine-lès-Dijon

Dans l’église Saint-Bernard de Fontaine, parmi les nombreuses dalles funéraires qui pavent le sol, l’une d’elle attirait l’attention par la présence d’un motif de pampre accompagné d’une serpe à un croc à dos tranchant, typique d’une serpe vigneronne. La pierre était en partie masquée par un banc, mais, ce qui était visible de l’inscription indiquait que cette dalle était celle d’un vigneron de Talant. En 2020, la nécessité d’enlever les bancs pour établir un chauffage par le sol a permis de savoir que le défunt était Chrestiennot Sambin, qu’il était mort le 11 mai 1531, et que le champ de la dalle accueillait une grande croix latine reflétant la piété du défunt.

Le dessin, finement gravé d’un sarment de vigne avec deux grappes de raisin et une vrille, est en accord parfait avec la profession précisée par l’épigraphie. Chrestiennot Sambin met en avant son métier en faisant figer dans la pierre un outil qui constitue une source documentaire irremplaçable, tandis que la juxtaposition de la croix latine évoque sa croyance.

On ignore si le choix iconographique émane du défunt ou de ses proches mais il témoigne d’une attitude spécifique à l’égard du travail de vigneron. L’exercice de l’activité de Chrestiennot Sambin est revendiqué sans détour. Son métier est symbolisé par un outil lié à sa profession et non par une tenue, comme dans l’effigie du curé Chauchier, en 1545, dans la même église. Cet outil témoigne de l’orgueil d’une profession, de son importance économique et sociale. Pour Chrestiennot Sambin, le dur travail de la vigne pouvait aussi justifier l’espoir de mériter le paradis après la mort. Le contraste est cependant remarquable entre la position secondaire de l’outil et de la vigne et l’échelle de la croix. L’attention visuelle est d’abord dirigée vers la croix. À travers la subordination iconographique qui fait appel à l’échelle, à la position et à la figuration, Chrestiennot Sambin apparaît comme un homme soumis à la volonté de Dieu. Il fonde un anniversaire perpétuel à l’église de Talant et, dans le bandeau gravé en lettres gothiques situé en bordure de la dalle, interpelle les vivants en leur demandant de prier pour lui. Chrestiennot Sambin, qui jouissait d’un niveau de vie élevé, puisqu’il était assez riche pour se faire faire une plate-tombe d’une bonne facture, voulait s’assurer d’une place dans l’au-delà et, pour cela, aspirait à se faire inhumer dans le sanctuaire d’une église. Tous les morts d’une communauté ne pouvaient être ensevelis dans l’espace restreint du chœur et, depuis le Xe siècle, c’était le cimetière qui recevait la plupart des dépouilles. Seuls les privilégiés pouvaient espérer être inhumés à l’intérieur de l’église[1]. Or, en 1530, comme l’indique une inscription dans le bas-côté, l’église Saint-Bernard de Fontaine était en reconstruction. Chrestiennot Sambin a sans doute profité de son aisance pour faire une offrande et, en contrepartie, il a pu obtenir de reposer à l’intérieur de l’église[2] mais l’emplacement originel de la sépulture est inconnu. En effet, au XIXe siècle, lors de la mise en place d’un nouveau pavement dans le chœur, la pierre a été déplacée et réemployée comme dallage. Elle a d’ailleurs été mise à l’envers car le nom aurait dû regarder l’autel.

En Bourgogne, on connaît quelques représentations de serpette comme celle visible à Quemigny-sur-Seine, elle aussi accompagnée d’une croix, mais le travail du tombier est assez grossier. À Fontaine, en 2020, l’intérêt artistique et historique de la dalle funéraire de Chrestiennot Sambin a donc commandé de l’exposer sur le mur sud de l’église pour l’épargner de l’usure des pas et assurer ainsi la bonne conservation des traits de la gravure.

Sigrid Pavèse

[1] GELIS Jacques, IMMEL Jean-Jacques, Rites funéraires et sentiment de la mort, 2017. https:// www.sudoc.fr
[2] GRILLON Guillaume, GARCIA Jean-Pierre, LABBÉ Thomas, Vignes et vin de Talant, Faton, Dijon, 2021, p. 44.

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1955

En février 1955, pour répondre aux instructions ministérielles et préfectorales, le maire, Léonce Lamberton, fait paraître deux avis successifs sur l’organisation, à Fontaine-lès-Dijon, de séances gratuites de vaccination antivariolique organisées par la municipalité afin de pousser les habitants à se faire vacciner. En effet, durant l’hiver 1954-1955, au moment de Noël, la variole a ressurgi sur le sol français en Bretagne, à Vannes et à Brest. Le virus a été ramené du Vietnam, en novembre 1954, par un militaire qui a contracté la maladie, malgré la vaccination, et l’a transmise à son fils de 18 mois car, en 1955, même si la maladie est un lointain souvenir en Europe, elle perdure dans d’autres parties du monde. Des mesures d’isolement des malades, des interdictions de grands rassemblements et une campagne de vaccination collective vont permettre de stopper la crise sanitaire car l’immunité est acquise 11 jours après une vaccination. L’épidémie s’éteint, en mars, à Vannes, et en mai 1955, à Brest. À la suite d’une campagne mondiale de vaccination conduite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à partir de 1958, l’éradication de la variole est décrétée par l’OMS en 1979. L’épidémie de variole en 1955 a été la dernière en France.

En juin, le maire et les membres du conseil municipal de Fontaine-lès-Dijon invitent la population de la commune à l’inauguration du groupe scolaire des Saverney pour le 9 juillet. Malheureusement, cette manifestation ne donne lieu qu’à cet avis.

D’autres avis municipaux ont trait aux dates de vaccination antidiphtérique et antitétanique, à des coupures d’eau, au montant de la taxe sur les locaux loués garnis. Des épaves comme sacoche de vélo, coussin de fourrure, broche qu’il faut venir chercher à la mairie ou chez des particuliers sont régulièrement signalées. Un chien trouvé ; sur lequel on peut obtenir des renseignements au magasin « Coop », est l’occasion de signaler qu’un commerce à cette enseigne existait en 1955, 25 rue des Templiers.

La plaque commémorative des célébrations du VIIIe  centenaire de la mort de saint Bernard.

Pendant cette année 1955, le plus long article est consacré aux fêtes de saint Bernard, avec un appel à un pèlerinage massif pour participer, le samedi après-midi 20 août, à la bénédiction par Monseigneur Sembel, évêque de Dijon, de la plaque commémorative des célébrations du VIIIe centenaire de la mort de saint Bernard. On apprend ainsi que cette plaque a pu être financée grâce aux offrandes recueillies à l’issue de la grande manifestation du clos des Feuillants le 20 septembre 1953. Le programme des fêtes sur trois jours est détaillé, avec notamment le samedi, dans le parc et autour de la Maison natale, une retraite aux flambeaux composés de cierges avec protège-flamme spécial et, le dimanche après-midi, les vêpres, la prédication et la procession des reliques de saint Bernard sous la présidence du chanoine Kir, député-maire. Hier comme aujourd’hui et contrairement aux fonctionnaires, les élus ne sont pas, en principe, concernés par le devoir de neutralité.

En décembre, la compagnie des sapeurs-pompiers de Fontaine-lès-Dijon fête la Sainte-Barbe en organisant son banquet annuel au café de la Place. Elle invite ses membres honoraires à se faire inscrire pour participer au repas. C’est un moment privilégié pour affirmer la cohésion du groupe, rendre hommage aux disparus et partager un moment amical. La jeunesse est conviée au bal le soir.

En 1955, pour Fontaine, Le Bien public ne fait donc état que d’annonces sans aucun compte rendu.

Sigrid Pavèse