Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1959

En 1959, Fontaine est une commune qui atteint 2 224 habitants. En quatre ans, la population a augmenté de 28%. Malgré une urbanisation rapide, la ruralité est encore bien présente comme en témoigne un avis du maire aux cultivateurs, les avertissant qu’ils seront verbalisés si des dégradations causées par leurs instruments aratoires surviennent sur le chemin entre Ahuy et Fontaine qui allait être goudronné. Un arrêté rappelle également que l’usage des fusées d’artifice, pétards etc. est interdit en tout temps sur les fêtes et à leurs abords, dans une zone de 200 m autour des habitations, des hangars et des meules de paille, ainsi que sur les champs cultivés en céréales pendant les mois d’été.

En mars, les habitants ont renouvelé leur confiance au maire Léonce Lamberton qui entame son troisième mandat. Les 70% des habitants qui se sont déplacés ont voté pour lui à 77%. Un seul compte-rendu de conseil municipal, celui de novembre, est rapporté. C’est une sèche litanie de ratifications, de fixation d’indemnités, d’approbation de supplément de budget sans aucun développement. Il est question de budget, de démarches, d’adjudication pour les équipements scolaires, mais il est difficile au final de comprendre que les deux premières classes du groupe scolaire des Carrois sont ouvertes à la rentrée de septembre 1959, tandis que s’amorce la deuxième phase de construction du groupe scolaire des Saverney avec la mise en chantier de deux nouvelles classes. On sait que la commune est dotée de trois nouvelles bornes pour lutter contre les incendies et que la nécessité d’un terrain de sport se fait jour.

On retrouve sous la rubrique Fontaine les habituelles communications sur les fêtes, cérémonies, et le bal des pompiers. Il est à noter qu’à l’issue de la cérémonie du 11 novembre, le conseil municipal offre un goûter aux enfants et reçoit les assistants à la cuverie, route de Daix. Cette « salle de fêtes », connue surtout pour avoir été une discothèque, est un débit de boisson ouvert en juillet par la propriétaire de l’hôtel meublé des Cottotes. Les fêtes de saint Bernard sont mises à l’honneur avec une photo de la procession dans le parc et le récit des deux journées de manifestations religieuses : messes, processions, sermons… La foule était si dense qu’elle ne put être contenue dans la basilique  et qu’une partie des fidèles dut suivre les cérémonies à l’extérieur par le biais d’un haut-parleur. Il revint au chanoine Kir « avec la facilité d’élocution qu’on lui connaît » de clore ces fêtes.

Les faits divers sont marqués par l’éclatement dans le bas de Fontaine d’une canalisation d’eau de 70 cm de diamètre qui entraîne des perturbations dans la distribution pendant plusieurs jours.

L’actualité nationale transparaît à travers le communiqué de distribution de colis aux appelés fontainois servant en Algérie. La mention « comme chaque année » indique combien la guerre s’est banalisée. L’annonce de la quête au profit des victimes de la catastrophe de Fréjus s’accompagne de profonds sentiments de pitié et de la volonté municipale de favoriser l’élan de solidarité en faveur des sinistrés après que, dans la soirée du 2 décembre, le barrage de Malpasset au nord de Fréjus s’est rompu sous l’effet de pluies torrentielles, provoquant une vague d’eau et de boue qui a dévasté toute la vallée jusqu’à Fréjus. Cette catastrophe qui a fait 423 morts et 7 000 sinistrés a d’autant plus marqué les esprits, qu’elle s’est passée pendant que ceux qui avaient la télévision regardaient un spectacle de cirque avec le clown Zavatta, « La Piste aux Étoiles ». L’émission a été interrompue pour relater la tragédie et le choc émotionnel fut grand, déclenchant une forte compassion.

Sigrid Pavèse

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