Le Suzon en 1962

Vue vers l’aval depuis le carrefour du boulevard Gallieni, sur Dijon, à gauche, avec le chemin Saint-Martin, à droite, sur Fontaine-lès-Dijon. Cliché Roger GAUCHAT. Bibliothèque municipale de Dijon. Est. 2101.

Le tronçon du Suzon que l’on aperçoit en 1962 est aujourd’hui couvert. Cette couverture était prévue avant la Seconde Guerre mondiale et les peupliers qui bordent les rives sont coupés dès 1942, mais le conflit modifie les priorités et la réalisation du chantier est repoussée à 1963[1].

Dans cette partie, le lit du Suzon n’est pas naturel. Le tracé originel longeait à peu près celui de la rue de Jouvence aménagée en 1884, dont on aperçoit le débouché à droite. Cette dérivation, datée  de 1524, avait été établie pour prévenir les inondations. Là, le Suzon reçoit les eaux ruisselées des secteurs aujourd’hui urbanisés de Dijon, Talant et Fontaine-lès-Dijon via les réseaux d’eaux pluviales, les avaloirs de rues et les débordements du réseau unitaire. Sa rive droite sert de voie publique. De la route d’Ahuy à la place du Général Estienne, c’est l’ancien chemin d’Ahuy, dénommé rue du Général Fauconnet en 1883.

Sur cette portion, le Suzon est enjambé par quatre passerelles en bois appelées planches ou planchottes dont une est visible sur le cliché et par un pont en pierre établi avec les matériaux de démolition du château de Dijon[2] pour remplacer, en 1895, le pont de bois situé en face de l’actuelle rue de la Houblonnière.

Après 1871, de nouvelles populations sont attirées par l’expansion économique de Dijon. Poussés par l’exode rural ou chassés de l’Alsace-Lorraine, des habitants misérables s’installent entre la rive droite du Suzon et la rue de Jouvence, dans des quartiers lotis par des Fontainois comme Étienne Gérard, qui crée une rue connue sous le nom de rue de la Révolte puis rue de Nouméa, devenue en 1928, la rue Léouzon-Le-Duc. Son cousin, Bernard Gérard, ouvre en 1885 la rue des Mûriers. De pauvres gens y vivent dans les baraques du bidonville appelé Nouméa et les masures de la cité des Kroumirs. Les anciens de Fontaine se souviennent avec effroi et compassion de ces quartiers malfamés avec leurs bistrots pour les soldats des casernes voisines et de la salle de danse de la rue des Mûriers, abritée dans un hangar en planches de 1881 à 1955[3].

[1] ICOVIL, Dijon et son agglomération, tome 1 p. 51 et 469-470.
[2] BAZIN (Jean-François), Le Tout Dijon, Dijon, Cléa, p. 475.
[3] Ibid., p. 658

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