Cette photo-carte[1] est due au photographe Théodore Schahl, installé 29 rue Chabot-Charny. L’inscription manuscrite au dos indique qu’il s’agit d’un souvenir du pèlerinage à saint Bernard de 1874. La photographie d’image tirée sur papier et collée sur un carton épais permet d’avoir les mêmes effets que la lithographie mais à moindre coût, avec une possibilité de reproduction infinie. L’image représente « la chapelle de saint Bernard » comme on l’appelait à ce moment-là, qui correspond, comme l’indique la légende, à « l’ancienne Chapelle du Monastère des Feuillants établie dans le château de saint Bernard ». On reconnaît dans la travée où sont agenouillés la femme et l’enfant l’actuelle chapelle Saint-Bernard et dans la seconde travée, la chapelle de la Vierge. Cette image atteste que très peu de changements ont été apportés à ces deux chapelles lors des restaurations qui se sont échelonnées de 1885 à 1895. Elle présente l’intérêt de voir l’ancien dallage avant son remplacement par les mosaïques de Facchina posées en 1891.
Depuis les désordres opérés dans le bâtiment pendant la Révolution et comme l’indique cette carte l’opinion commune pense que le sanctuaire ou chœur où se trouvait l’autel majeur des Feuillants au moment de la Révolution est « formé de la chambre où est né l’illustre docteur en 1091 ». Dans son ouvrage paru en 1891[2], le chanoine Chomton a démontré qu’il n’en était rien, que le sanctuaire datait du XVIIIe siècle et que le lieu de naissance du saint se trouvait à la hauteur des personnes agenouillées, dans l’ancienne chapelle Saint-Louis dite aussi Louis XIII. De plus, aujourd’hui, ce n’est plus 1091 qui prévaut comme année de naissance de saint Bernard mais 1090[3].
En 1874, le sanctuaire accueillait derrière l’autel, la statue de saint Bernard sculptée par Moreau en 1841. Cette statue se trouve aujourd’hui placée sous le portique. Après la découverte de l’abbé Chomton, le sanctuaire été transformé, à partir de 1892, en une simple salle fermée par des portes semblables à celles qui s’ouvrent en vis-à-vis sur la « basilique » et qui ont été réalisées, comme les boiseries, par l’atelier parisien d’Edmond Lesage. Actuellement, cette salle aveugle est un oratoire.
Sigrid PAVÈSE et Élisabeth RÉVEILLON
[1] RADISSON Louise, Souvenirs de Fourvière : la vision de Notre-Dame de Fourvière, Enssib, Master 1, juin 2014.
[2] CHOMTON (Abbé), Saint Bernard et le château de Fontaines-lès-Dijon, t.1, Dijon, 1891.
[3] MARILIER (Jean), « La date de naissance de saint Bernard », Calendrier liturgique du diocèse de Dijon, 1990.