Les vignes des Feuillants sous la Révolution

Au moment de la Révolution, les Feuillants[1] avaient une des plus importantes surfaces en vigne de Fontaine. En dehors de leur enclos, ils étaient à la tête, aux champs d’Aloux, d’une superficie de 2 journaux et six quartiers, ce qui en faisait le plus grand clos de Fontaine. Aux vignes de ce clos, s’ajoutaient un quartier aux Bois, 5 quartiers aux Crais Barbey, 3 quartiers aux Combottes et 3 autres aux Créots[2] soit, en tout, près d’1,5 hectares[3].  Après avoir constaté, au début du mois de juin 1790, que ces vignes, nationalisées le 2 novembre 1789, étaient complètement négligées et ainsi se détérioraient et perdaient de leur valeur, le maire de Fontaine, Bénigne Arlin, invite les religieux à les faire cultiver sans retard[4]. Les Feuillants répondent qu’ils refusent de continuer la culture de leurs vignes car ils n’ont pas pu les louer à un vigneron. Ils ont bien tenté de commencer à faire cultiver par eux-mêmes mais ils ont arrêté faute de ne pas récupérer l’argent avancé[5]. De plus, n’ayant rien reçu des pensions fixées par l’Assemblée nationale, ils n’ont déjà pas d’argent pour payer leur subsistance donc encore moins des ouvriers. Ils font donc abandon desdites vignes, non sans rappeler que la Nation s’en est emparée alors qu’elles avaient été acquises, en grande partie, grâce au fruit de leur épargne… Le district indique alors à la municipalité de les donner à bail. Mais qui voudrait louer des vignes dans un tel état à quelques semaines des vendanges s’interrogent les édiles de Fontaine ? Ces vignes n’ont pas été fossoyées, c’est-à-dire que rien n’a été prévu pour en replanter une partie, les empêchant ainsi de pouvoir se renouveler. De plus, les paisseaux (échalas) font défaut, et les coups de labour ou meille, du nom de la sorte de pioche utilisée, n’ont pas été effectués. D’après les estimations des experts municipaux, le préjudice s’élève à 186 livres[6]. Selon eux, la seule solution est de faire bêcher et enlever les mauvaises herbes au frais du trésorier du district, qui se remboursera de cette avance, avec l’argent provenant de la mise aux enchères des raisins sur pied, huit jours avant les vendanges[7]. Les archives n’ont pas conservé la trace de ces vendanges et, quelques mois plus tard, le 2 mars 1791[8], les vignes sont acquises aux enchères par un homme de lois dijonnais, Charles Alexandre Enguerrand. (Sigrid Pavèse)

[1] Archives départementales de la Côte-d’Or (ADCO) Q 838 7juillet 1790. Procès-verbal de l’état des vignes des Feuillants.
[2] À Fontaine : 1 journal = 34,28 ares et 1 quartier : 8,56 ares.
[3] ADCO Q 177 : Le directoire du district compte 6 journaux (2 hectares) pour les 6 parcelles, ce qui correspond à la déclaration des biens fournie par les Feuillants au bureau diocésain en 1786 (ADCO, G9). Le Directoire les estime à 1 625 livres 5 sols le 29 janvier 1791.
[4] ADCO), Q 838 : Extraits du registre de la municipalité de Fontaine-lès-Dijon, 2 juillet 1790, 3 juillet 1790.
[5] Ibid. Mémoire de ce qui est dû aux Feuillants par les administrateurs du district. : 180 L pour façon de vigne.
[6] Ibid. 7 juillet 1790.
[7]Ibid. 1er août 1790.
[8] ADCO Q 149 : Charles Enguerrand achète les 6 journaux de vigne appartenant aux Feuillants.

 

 

 

 

 

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